Source
A. Melza / Coiffeur en 1967
Source
C. Paulic / Fusco en 1956
Au départ de Toulon nous avons failli coulé dans
une tempête dans la nuit du 26 au 27 janvier, où le Foudre a pris
45° de gîte, et le L 9098 s'est désarrimé en percutant la
coque du Foudre, d'abord à bâbord puis à tribord, la même nuit
disparaissait le sous-marin "La Minerve".
Nous arrivons à Las Palmas "Iles Canaries" du 31
janvier au 3 février, puis direction Cristobal le 15 février, Balboa
pour traverser le Canal de Panama que nous franchissons du 16 au 19
février 1968 puis direction Hao ou nous faisons escale les 1 et 2
mars, puis arrivée à Mururoa le 3 mars avec notre chargement de
matériel nécessaire pour les tirs.
Une fois déchargé le matériel, le Foudre nous a
transporté à Papeete ou nous arrivons le 6 mars. Le bateau a été mis
sur le dock afin d'effectuer les réparations ,suite aux dégâts
causés par la tempête du départ de Toulon "Plusieurs trous dans la
coque dû aux tins, la ligne d'arbre et le gouvernail tribord". De là
chargement de matériel et destination Mururoa par nos propres moyens
Source Web
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J'ai eu de grandes émotions en découvrant
votre site et surtout en prenant lecture des quelques témoignages
qui y figurent. Le récit de Jack RENET a été l'élément déclencheur
de ma décision de vous faire partager l'anecdote qui ne déplaira pas
à nos amis de la mer ! Matelot infirmier breveté à l'Hôpital
Maritime de Ste. ANNE, à Toulon, je partais pour la Tunisie
à l'Hôpital Maritime de Sidi Abdallah à Ferryville, devenue Menzel
Bourguiba lors de l'indépendance tunisienne. Vous l'avez deviné, je
me situais de l'autre côté de la barrière ! Au bout de mon séjour à
Sidi Abdallah, il me fut proposé d'embarquer en supplément
d'effectif sur la "FOUDRE" . Cela ne se refuse pas ! d'autant que
les infirmiers embarqués ne sont pas légende et leur avancement à
faible tirant..! Cela se passait en 1956.
L'imposante stature du bâtiment qui se trouva
un jour à coupe du porte-avion LAFAYETTE dans le port militaire de
la Pêcherie, toujours en Tunisie; je pris conscience que la FOUDRE
était un grand bateau, malgré son profil hors du commun. Après un
léger toilettage, nous devions appareiller pour de nombreuses
missions en Méditerranée. Tous les corps d'armée étaient représentés
à bord ; même un reporter de Paris-Match paradait en treillis ;
certains uniformes m'étaient absolument inconnus ; embarquaient
pour des exercices de débarquement..le temps que certains
d'entre-eux aient le mal de mer et viennent grossir le nombre des
consultants du bord !
Rentré d'un long congé, le quartier-maître
Veyssière... sous les ordres duquel j'étais censé être, rejoignit le
bord à Alger. Le temps de faire connaissance, il m'annonça sont
débarquement imminent ; quelques semaines après son
départ, la FOUDRE appareillait pour un nouvel exercice
interarmées...qui dura quarante trois jours ! Combien de fois
avons-nous emprunté le détroit de Messine ? Combien de fois
avons-nous fait le tour de la Sardaigne. Hélas, de nuit ! Secret
militaire oblige !
Le 5 novembre 1956, un exemplaire du communiqué
signé par le capitaine de Frégate Goutines, notre commandant nous
avisait de notre participation aux opérations qui devaient
s'effectuées le lendemain dès l'aube. Tandis que nous naviguions en
avant - lente, nous découvrions un horizon enfumé par les nombreux
bâtiments de guerre franco-anglais rassemblés devant Chypre. Jamais,
je n'avais vu autant de navires et autant de fumée ! C'était très
impressionnant vu des hublots de l'infirmerie!
Tandis que l'armada mettait le cap sur
Port-Saïd, je me demandais comment je pouvais assumer ma tâche en
plus de celle de mon supposé supérieur, absent ! J'allais oublier la
fausse joie que j'ai eue lors du dernier départ d'Alger. La porte de
l'infirmerie s'ouvre. Entre un soldat assez rondouillard, bardé de
croix rouges sur les manches, la trousse d'urgence et le casque
lourd...et sa mitraillette ! :"Tu n'auras pas besoin de ta
mitraillette ici, mais je compte sur toi pour me donner un sérieux
coup de main, car il y a du boulot, crois-moi !"
- Mais je n'y connais rien ! Je ne sais même pas
faire une piqûre !
- Tu es bien infirmier ?
- C'est à dire que mon adjudant m'a dit que vu
mon embonpoint, je ferais un bon infirmier puisque j'avais du mal à
courir!
Je me souviens d'un sergent atteint d'eczéma
purulent aux membres inférieurs; chaque jour, il me fallait lui
consacrer plus d'une heure pour ses soins ! Il était courageux. Ma
satisfaction fut toute entière car, à notre arrivée à Port-Saïd, le
médecin de bord, monsieur Morcelet Jean-Louis constatait la
guérison.
Au cours d'une de nos nombreuses rotations entre
le Maghreb et le port d'Haïfa, il se produisit un contretemps qui
n'est pas sans me rappeler l'aventure de Jack Renet. Partis d'Alger,
nous avions largement dépassé Malte quand le médecin diagnostiqua,
une appendicite compliquée sur le matelot Le Mareck. Il fallut
l'opérer. la table d'opération fut modifiée; à la hâte, des
mécaniciens y posèrent des brides pour sangler le patient. Le
lieutenant de vaisseau Dufournet fit office d'assistant pour passer
les instruments chirurgicaux, tandis que j'assurais l'anesthésie
générale, débutée au chlorure d'éthyle inhalé, puis soutenu au
penthotal intraveineux. Faute de moyens anesthésiques suffisamment
performants, de même qu'un péritoine trop adipeux, l'intervention
échoua. " Ah! la vache ! qu'est-ce qu'il est gras !" Tempêtait le
médecin, qui commençait à suer sous la chaleur
que diffusaient les scialytiques. L'énorme pansement que trouva le
matelot sur son ventre le rassura !
La crainte d'une péritonite fit que les ordres
furent donnés pour mettre le cap sur la Crête. C'est ainsi que La
FOUDRE mouilla en rade de La Canée à trois heures du matin. Mise à
l'eau, une chaloupe du bord descendit le malade accompagné de
Monsieur Morcelet médecin et de moi-même. Une ambulance attendait
sur le quai. Nous échangeâmes de rapides poignées de main et chacun
dans sa langue salua.
Remis sur pieds par les chirurgiens grecs, le
matelot mécanicien Le Mareck, fut rapatrié sanitaire en France via
Athènes et jamais je ne le revis
Remerciements pour cette anecdote / Victor Poteau-Joffroy