Je me nomme Francis Mollet,
surnommé « Sako », embarqué en mai 1963 en provenance du
dépôt des équipages de CHERBOURG en qualité de
quartier-maître secrétaire, matricule 2528 T 61.Le
bâtiment se trouvait dans le radoub du « homet «
Il était en« grand
carénage » et ne
possédait donc pas d’équipage. Je fus le premier à
m’inscrire sur le « rôle »
car comme vous la savez certainement, le SM est un
maillon essentiel dans la bonne marche d’un navire de
guerre. La paperasserie est une chose primordiale dans
toutes les armées du monde, mais à ce que j’ai pu en
vérifier dans la marine nationale « la royale » comme
nous la nommons entre nous, c’est carrément vital.
Autres temps, autres mœurs,
à l’époque du ‘ pointe-bic-peau de bouc’ éructé par un
bidel apoplectique (les anciens savent de quoi je
parle) les ordinateurs étaient de la dimension d’un
immeuble de 3 étages, aussi en étions nous toujours en
ce qui concerne les instruments de travail au niveau de
notre capitaine d’armes , c’est à dire ‘papier – crayon
– japy’ . Je me suis donc mis au boulot aidé de ma
bonne vieille batteuse sur laquelle j’ai tapé pendant
des jours et des jours , du matin jusqu’à plus tard
dans la nuit, tous les rapports de fin
d’indisponibilité, possibles et imaginables.
- Tout y est passé, de la rondelle de
diamètre 14 en 10 modèles différents jusqu’aux
coulisseaux en bronze d’arbres d’hélices à pales
hélicoïdales convergentes décalées ,en passant par les
couverts d’argent de la salle à manger du commandant
avec numéros de nomenclature avant 1952 et après 1960
(rien pour ceux affectés entre ces dates !) - la
différence étant d’une importance capitale pour les
érudits de la DCAN, sans oublier les lavoirs à
ficelles en 2 parties des unités collectives des fusils
mitrailleurs modèle 1924 modifié en 1929 pour terminer
si l’on peu dire avec 2 matériels particulièrement
importants et sensibles : - la flèche de remplacement
de la planchette graduée de réglage de tir du canon de
105 mm allemand (prise de guerre ) qui trône dans sa
barbette sur la plage avant (plus communément
dénommée ‘pont 105’) – et comme diraient nos
meilleurs ennemis « the last but not the least « la
CORDE du battant de cloche nécessaire pour piquer les
quarts - ouf ! l’on croit avoir terminé ? que
nenni – il faut maintenant passer à la machine
infernale car ces exemplaires uniques vont donner
naissance chacun à une ribambelle de descendants. En
effet chaque échelon de notre administration maritime
veut absolument son exemplaire aux fins d’apposition
de son cachet de service, de manière ostensible de
façon à prouver aux yeux des décideurs -probablement
pour la « suite en avant » de carrières ultra
galonnées voire étoilées – que rien ne leur avait
échappé et que gr ace a eux nous pourrions naviguer
sans craintes sur des océans déchaînés à bord d’un
navire tout neuf (sic) Je devais donc comme dit
précédemment disposer les matrices les unes après les
autres sur un engin antédiluvien que je n’approchais
que contraint et forcé : la « RONEO » à rouleau
encreur et manivelle - je précise que rouleau
encreur signifie » rouleau a enduire d’encre a la
main », le produit à disposer était une espèce de
colle noirâtre en tube. Le résultat était connu
d’avance : 1 incident par minute avec comme
corollaire : un quartier maître NOIR d’encre, ROUGE de
colère et VERT de langage.
Je me souviens en
particulier de la tête d’un jeune enseigne EV1
fraîchement embarqué, qui lors d’une ronde de sécurité
effectuée de nuit avait placé la tête dans le hublot
ouvert -l’ambiance était chaude ! – du secrétariat
donnant sur le passavent babord, les yeux exorbités, la
bouche ouverte, et qui manifestement ne comprenait
strictement rien au comportement de l’olibrius (votre
serviteur) couvert de peinture noire mimant une sorte de
danse de guerre indienne auprès de l’imprimante, tel un
sioux autour d’un totem, gesticulant et hurlant, comme
un sauvage, des obscénités dont la teneur ne peut être
décemment divulguée sur ces lignes – 45 années plus
tard j’en ris encore !
Il faut quand même que je
précise qu’en plus de tout ce travail, pour lequel
j’étais finalement formé, je fus chargé – mais là, je
voulu bien l’accepter- d’effectuer la même mission pour
le compte du commandant d’un EDIC que nous allions
embarquer en radier. Cet officier marinier ,maitre
principal, breton et excellent marin, ces qualificatifs
allant en principe de paire, était un homme remarquable
d’une extrême gentillesse, toujours prêt à rendre
service sans contrepartie. J’ai donc accédé à sa
requête et je ne l’ai jamais regretté. Il ne doit
probablement plus être de ce monde mais je suis sur
que là ou il se trouve le dieu de la mer veille
sur lui.
L’équipage ayant
terminé l’embarquement , les essais à la mer ont été
effectués, puis le bâtiment réceptionné et le jour du
départ arriva enfin : direction le pacifique …tahiti …mururoa
...mais ceci est une autre histoire…….
Francis Mollet |
En
ce qui concerne l’évacuation sanitaire du matelot Renet,
je tiens a porter a votre connaissance, que je n’était
pas atteint d’une appendicite, mais que le docteur du
bord l’officier Duvivier, avait de grosses suspicion de
méningite cérébraux spinale. suite a ces doutes le docteur
Duvivier, m'a placé a l’infirmerie et ma mis sous
perfusion. voyant mon état les autorités du bord et
après avoir pris contact par radio, avec l’hôpital le
plus proche, ont décidé de mon évacuation sanitaire dans
les plus bref délais. d’ou les gros moyens hydravion
hélicoptère des forces canadienne dépêché sur zone.
j’espère que les faits relater rappelleront des
souvenirs a certains anciens, qui ont servi sous la
glorieuse bannière, du T.C.D le FOUDRE. je tient a vous
remercier d’avoir réaliser, ce site qui permet aux
anciens de ma classe de se rappeler les merveilleux
souvenirs(les galères aussi) que l’ont a partagé tous
ensembles comme un seul homme, en cette année 1965.je
profite de l’occasion qui met donner pour remercier tous
les personnels, officiers sous officiers officiers
mariniers et matelots, qui ont naviguer avec moi en
cette année 1965
Jack Renet |